1786
- 20 juin : Naissance, à Douai, de Marceline Desbordes, fille de Marie-Catherine Lucas et d'Antoine-Félix Desbordes. Elle est la cadette d'une famille de quatre enfants, les autres étant Cécile, Eugénie et Félix. Deux autres enfants sont morts en bas âge.
1790
- Octobre : Antoine-Félix Desbordes est déclaré en faillite et des scellés sont posés sur la maison de la rue Notre Dame à Douai. En 1790, il a abandonné sa profession de maître peintre depuis déjà quelques années (l'a-t-il vraiment jamais exercé ?) pour se lancer inconsidérément dans diverses entreprises risquées, des erreurs qu'il commet qui ne lui valent que des ennuis, et à sa famille. Il est pour l'heure, en 1790, mulquinier, c'est-à-dire tisseur de fil de lin, sa maison transformée en atelier, sa femme travaillant pour lui comme ouvrière. Anéanti par cette faillite, il va par la suite enchaîner divers petits métiers, jusqu'à se faire commerçant de vin au détail en 1795. Son couple se dégrade, jusqu'à la rupture en 1796.
1793
-19 octobre : Naissance, à Rouen, de Prosper Lanchantin (Valmore, selon le nom d’acteur que s’est choisi son père, André.)
1796
- Catherine Desbordes quitte son mari, rejoint son amant, Nicolas Saintenoy, à Roubaix, avec un seul de ses quatre enfants, Marceline. Commencent alors quelques années, près de six ans, d'une vie d'errance, sans beaucoup d'argent.
1797
- Marceline Desbordes fait ses débuts sur la scène du Théâtre de Lille, probablement comme figurante ; commence ainsi une carrière théâtrale qui durera, avec quelques saisons sans jouer, à peu près vingt ans, jusqu'en 1823, où elle jouera à Rouen, Paris, Bordeaux, Bruxelles, Lyon.
1799
- Catherine Desbordes, Nicolas Saintenoy et Marceline sont à Rochefort. C'est là que Marceline fait la connaissance de Louis Lacour Jacques-Louis Lacour (1778-1849), qu'elle retrouvera quelques années après à Paris.
1800
- Marceline Desbordes joue au Grand Théâtre de Bordeaux où elle est très mal payée. C'est à Bordeaux qu'elle va rencontrer les Valmore, dont Prosper, alors âgé de sept ans, qui deviendra son mari quelques années après.
- Son frère, Félix , part à l'armée, littéralement vendu par son père en remplacement d'un jeune homme. Il se peut que Marceline Desbordes n'ait pas beaucoup eu de ses nouvelles avant 1811, date à laquelle il est prisonnier de guerre en Écosse de-puis deux ans déjà.
1801
- Au printemps, Catherine et Marceline Desbordes trouvent à s'agréger à une troupe ambulante rayonnant autour de Bayonne ; c'est à cette occasion que Marceline Desbordes rencontre le célèbre acteur Monvel . C'est également à Bayonne qu'elle rencontre André Murville , littérateur, poète, dramaturge, qui lui enseignera, comme à une élève idéale pour lui, les principes de l'art poétique, et qu’elle reverra, à Paris, une dizaine d’années après, vers 1813.
1802
- En janvier, de Bordeaux, Catherine et sa fille s'embarquent pour la Guadeloupe (Nicolas Saintenoy, à la dernière minute, n'embarque pas) dans l'espoir d'y trouver un riche parent qui pourrait leur venir en aide dans leur pauvreté (nous ne savons pas de quel parent il s'agit). Elles découvrent là-bas un peuple en rébellion contre la volonté de Napoléon de revenir sur la loi d'abolition de l'esclavage, et elles ne vont pas trouver le parent qu'elles y cherchaient.
- Vers le 24 mai : Décès de Catherine Desbordes. Elle meurt, à quarante-quatre ans, en quelques jours, de la fièvre jaune. Marceline avait été vaccinée sur le bateau, ce que sa mère avait refusé. Il est intéressant de remarquer que nous sommes, en 1802, au tout début du procédé médical de la vaccination.
- A son retour, seule, de la Guadeloupe, Marceline Desbordes s'engage dans une troupe de théâtre desservant Lille et Douai.
1803
- Marceline Desbordes joue sur la scène du Théâtre des Arts à Rouen. Son père la rejoint à Rouen, ainsi que ses deux sœurs, Cécile et Eugénie.
1804
- Fin d'année : Marceline Desbordes est engagée à l'Opéra-Comique à Paris. Elle y jouera pendant un peu plus d'un an. Elle y fit notamment la connaissance d'André-Modeste Grétry, compositeur qui avait connu son heure de très grande célébrité avant la Révolution et redevenait à la mode. Elle s'essaya à le jouer. Il lui porta une attention, comme à une personne qui pouvait faire vivre ses opéras, une attention dont elle avait certainement besoin à l'époque, et dont elle se souviendra longtemps.
1805
- Printemps : Elle retrouve, à Paris, Louis Lacour, qui est de retour des Antilles, et elle devient sa maîtresse.
1806
- Enceinte de Louis Lacour, elle donne sa démission de l'Opéra-Comique. Louis Lacour, tout à sa carrière, l'a quittée avant même de savoir qu'elle était enceinte.
- 9 septembre : Naissance de Louisa-Estelle-Mathilde, fille de Marceline Desbordes et Louis Lacour. L'enfant décèdera trois semaines plus tard.
- Elle fait, à Rouen, la connaissance d'Eugène Debonne.
1807
- Elle joue sur la scène du Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles.
1808
- Elle commence, à Rouen, une vie avec Eugène Debonne. Mais, pour leur malheur à tous les deux, Eugène Debonne est sous la coupe de son frère aîné, Jacques Debonne, qui s'attribue la fonction de chef de famille, et qui ainsi prétend donner son autorisation pour tout, et notamment pour leur éventuel mariage, or, ancienne actrice, Marceline n'est guère appréciée de ce frère ultra-conservateur et tyrannique. Sa décision restera heureusement en suspens quelques années, ce qui permet à Marceline de quitter le théâtre, quatre ou cinq ans où elle goûte, grâce à la bienveillance et à l'ouverture d'esprit d'Eugène Debonne, à la tranquillité après des années d'errance. Elle a, à cette époque, une très riche vie en société, avec notamment plusieurs séjours à Paris, occasion de noter que Marceline Desbordes est un être éminemment sociable, elle le montrera toute sa vie ; cette sociabilité expliquera d'ailleurs cette volonté de Marceline Valmore, une volonté qu'elle aura toute sa vie, de revenir sans cesse à Paris, où se trouve la plupart de ses amis, et de s'y installer.
1810
- 10 juillet : Naissance de Marie-Eugène Desbordes, fils de Marceline Desbordes et Eugène Debonne.
1812
- Jacques Debonne refuse le mariage de son frère Eugène avec Marceline ; celle-ci rompt la relation, mue par le souci surtout de ne pas apparaître à ses propres yeux comme une femme entretenue.
1813
- Avril : Marceline Desbordes reprend, après quelques années, le théâtre et recommence à Paris, à l'Odéon. Elle y restera deux ans, et y fera notamment la connaissance de Délia (Adélaïde Amoreux), comédienne elle aussi, qui deviendra son amie.
- A l'occasion d'une chute sur la scène, Marceline fait la connaissance du docteur du théâtre, Jean-Louis Alibert , qui va la soigner et surtout, par la suite, l'inciter à écrire, et devenir un ami jusqu'à son décès à lui, en 1837.
1814
- Mai : Prisonnier de guerre depuis presque cinq ans, Félix Desbordes est libéré et, d'Ecosse, rejoint sa sœur à Paris.
1815
- Aventure amoureuse de Marceline Desbordes avec Hilarion Audibert (futur maître des requêtes au Conseil d'Etat), présenté par Délia ; elle l'appelle « Olivier » dans ses lettres.
- Août : Marceline Desbordes est engagée au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles ; elle y restera presque quatre ans, jusqu'en avril 1819. Bruxelles est, à cette époque, la ville où se réfugient les exilés (bannis, régicides, bonapartistes) et Marceline Desbordes approche beaucoup ces milieux, des journalistes, des avocats ou encore le célèbre peintre David. On notera que c'est précisément à ce moment-là, à Bruxelles, que se forgera le bonapartisme de Marceline Desbordes.
1816
- 10 avril : Décès de Marie-Eugène Desbordes, à l'âge de 5 ans.
1817
- Mai : Elle rencontre Prosper Valmore qui arrive à Bruxelles pour, comme elle, jouer la comédie au Théâtre de la Monnaie.
- Juillet : Décès d'Antoine Desbordes, père de Marceline Desbordes.
- Septembre : Mariage de Marceline Desbordes avec Prosper Valmore.
1818
- Marceline Valmore fait la connaissance de Mlle Mars , présente à Bruxelles pour quelques représentations : elles jouent sur scène ensemble. Commence ainsi une amitié qui durera une trentaine d'années. Elle rencontrera dans les mêmes conditions Mlle George un peu après, une amitié qui, d'après la correspondance même, sera moins importante que celle entretenue avec Mlle Mars, mais elle la rencontrera tout de même de temps à autre par la suite.
- 21 juillet : Naissance de Junie Valmore, qui meurt dix jours plus tard.
-Fin d'année : Publication de Élégies, Marie et Romances, chez François Louis.
1819
- 7 avril : Décès d'Albertine Gantier, amie chère de Marceline depuis son enfance, et qu'elle avait retrouvée à Bruxelles en 1815.
- Avril : Les Valmore rompent leur contrat à Bruxelles et rejoignent Paris. Prosper Valmore débute seul, en juillet, à l'Odéon où il restera un peu plus d'un an.
- Rencontre entre MDV et Hyacinthe, dit « Henri », de Latouche , dans l'atelier de Constant Desbordes , l'oncle de Marceline. Selon toute vraisemblance, Marceline Valmore vivra avec Latouche une histoire d'amour brève, mais dont « l'incandescence », pour reprendre le terme utilisé par Francis Ambrière, la marquera pour le reste de sa vie.
1820
- 2 janvier : Naissance d'Hippolyte Valmore à Paris.
- Printemps : C'est aussi dans l'atelier de Constant Desbordes que Marceline Desbordes-Valmore rencontrera, à peu près à cette époque, Pauline Duchambge , musicienne, qui, admirative du talent de MDV, l'avait cherchée longtemps dans tout Paris. Elles seront amies jusqu'à la fin de leurs jours.
- Fin d'année : MDV fait paraître Les Veillées des Antilles, nouvelles, chez François Louis.
1821
- Avril : Les Valmore arrivent à Lyon. Premier séjour dans cette ville, que Marceline Valmore n'aime pas beaucoup, ils y resteront deux ans. Ils sont engagés tous les deux au Grand Théâtre.
- Cet « exil » lyonnais correspond également à la rupture entre Marceline Desbordes-Valmore et Hyacinthe de Latouche. Contrairement à elle, lui cessera très vite d'être amoureux de la femme, tout en continuant à être amoureux de l'écrivaine, se tenant dans une « une affection vigilante », pour reprendre ses termes à lui. C'est ainsi qu'elle ne cessera pas de penser à lui, en des termes élogieux, amoureux. C'est ainsi que lui va reparaître de temps à autre dans sa vie à elle, pour apporter son aide souvent, instillant cependant en elle un malentendu qui ne sera vraiment levé qu'en 1839 où il y aura rupture totale du lien.
- 1er novembre : Naissance de Hyacinthe Valmore, à Lyon, que l'on surnommera « Ondine ».
- 28 décembre : Décès d'Anne-Justine Poupard, mère de Prosper Valmore.
1822
- Mars : Parution de Poésies de Madame Desbordes-Valmore, chez Théophile Grandin.
- Ces premières années lyonnaises, même un peu vécues comme un exil, correspondent pourtant pour Marceline Valmore à des rencontres d'amitiés : amitié retrouvée comme avec Antoine-Gabriel Jars ou amitié nouvelle comme avec le docteur Vinay et sa femme, ou encore avec Sophie Gay de passage à Lyon, rencontrée par l'intermédiaire de Pauline Duchambge avec laquelle d'ailleurs elle correspond beaucoup à cette époque (sans que, sauf erreur, nous ayons conservé beaucoup de lettres entre elles, de ces années-là en tout cas.)
- C'est aussi l'année où elle se lie avec Hippolyte-Romain Duthillœul , son compatriote de Douai, bibliothécaire, puis juge de paix, qui sera l'un de ses correspondants les plus réguliers, surtout à partir de 1826 où il en vient à être presque le tuteur de Félix Desbordes, en tout cas un relais pour Marceline qui pourra ainsi savoir ce que devient son frère. Depuis sa période d'armée, puis ses cinq ans d'emprisonnement, ce frère est comme vidé, d'ailleurs sans ressources, livré à lui-même et dans l'errance, recueilli ici où là, sans plus rien pouvoir faire ; à bien des égards il ressemble à son père et à son grand-père Desbordes incapables de se fixer, sans ténacité, absents aux autres, fuyants. Marceline Valmore cherchera à l'aider jusqu'au bout, en lui envoyant régulièrement quelque argent, en cherchant un travail pour lui, ou un asile, une protection.
1823
- Les Valmore quittent Lyon pour Bordeaux, où ils resteront quatre ans. Marceline Valmore quitte en même temps le théâtre, une carrière qui, entrecoupée d'arrêts, aura duré à peu près vingt ans.
- En matière de sociabilité, elle fait à Bordeaux la connaissance, sur la recommandation de Sophie Gay, du couple Nairac, aux réunions duquel elle se fera d'autres amis comme par exemple Jean-Baptiste Gergerès , catholique et royaliste plein de bonté (une correspondance qui durera près de vingt-cinq ans), ou encore Edmond Géraud , littérateur, journaliste, farouche anti-bonapartiste, ou Jacques Arago , journaliste, littérateur, voyageur. Elle y fera également la connaissance d'Alfred de Vigny , de passage dans la ville (Vigny qui saluera le talent de Marceline Valmore), ou encore, dit-on, du peintre Francisco Goya . Ce temps de Bordeaux contribuera à apporter à Marceline Valmore, tant que les Nairac demeurèrent à Bordeaux du moins, une paix intérieure et comme une joie de vivre qu'elle n'avait plus connues depuis longtemps.
1824
- C'est sur la recommandation de son oncle, Constant Desbordes, que Marceline Valmore joint, vraisemblablement par courrier, son cousin, le sculpteur alors en vogue, Théophile Bra , et que va se nouer un lien d'intérêt comme d'affection réci-proques. Sauf erreur Marceline Valmore n'aura pas beaucoup l'occasion de le voir de visu avant 1833.
- Décembre : Parution de Elégies et Poésies Nouvelles, chez Ladvocat.
1825
- Hyacinthe de Latouche obtient, notamment par l'intermédiaire de Mme Récamier , une pension littéraire pour Marceline Desbordes-Valmore. C'est à cette occasion qu'elle entre en relation avec Juliette Récamier à qui elle ne rendra cependant visite que plusieurs années après, en 1833.
- C'est à ce moment-là que Sophie Gay choisit de s'éloigner de Marceline Valmore (elles ne seront plus en contact), vraisemblablement par jalousie : jalousie que sa fille, Delphine, n'ait pas obtenu de pension avant Marceline Valmore, jalousie aussi de s'apercevoir que Latouche, auquel Sophie Gay s'intéressait encore beaucoup, malgré le mal qu'elle en disait, prend soin de Marceline Desbordes-Valmore.
- 29 novembre : Naissance d'Inès Valmore à Bordeaux.
1827
- Avril : Les Valmore quittent Bordeaux pour Lyon, où ils resteront quatre ans.
- Entre son séjour à Bordeaux et son séjour à Lyon, Marceline s'organise, seule, un voyage à Paris de quelques jours et le commerce du monde la replacent dans la réalité d'un Hyacinthe de Latouche assidu auprès d'une autre, elle qui pensait que leur amour, peut-être, sans doute, pouvait renaître. C'est aussi à l'occasion de ce court séjour qu'elle fera la connaissance de la cantatrice Caroline Branchu qu'elle avait déjà entendue chanter, charmée par sa voix, à Rouen en 1803 ; elle occupera une grande place dans la vie de Marceline Valmore, la correspondance entre deux âmes blessées d'amour en quelque sorte.
- Hiver : Les Valmore font la connaissance de Léon Boitel ; pour l'heure, il est fils de pharmacien destiné à reprendre l'officine familiale, mais rêvant de journalisme, Léon Boitel avec qui ils correspondront très longtemps, et qui, en cette année 1827, leur fait faire la connaissance de son cercle d'amis, comme Paul-Emile Prud'hon, les journalistes Kaufmann ou Lamerlière, etc., tous réunis en tout cas, et les Valmore avec eux, dans une même aversion de la Restauration. C'est un ami que Marceline et Prosper Valmore ont en commun, ce qui est assez rare, et ce qui est l'occasion de noter que Marceline Valmore a volontiers sa vie indépendante, libre, par rapport à son mari, qui connait certainement peu de ses amis, de ses connaissances, de ses correspondant-e-s : une situation de couple probablement peu courante à l'époque.
1828
- 27 avril : Décès de Constant Desbordes, peintre, oncle dont Marceline Valmore est très proche.
- Décembre : Parution des Œuvres de Madame Desbordes-Valmore, chez Auguste Boulland, en trois tomes, ainsi que des contes A mes jeunes amis, toujours chez Boulland
1829
- Depuis l'édition Ladvocat de 1824-1825, Elégies et Poésies nouvelles, Marceline Desbordes-Valmore est populaire dans tous les milieux et c'est ainsi que les poètes en herbe ou les simples admirateurs lui écrivent pour lui présenter leurs travaux, c'est ainsi qu'elle est recherchée, par exemple par Frédéric Lepeytre qui deviendra une relation qui durera, par écrit quasi exclusivement, jusqu'à son décès à elle. C'est d'ailleurs à partir de ce séjour à Lyon de la fin des années 1820 que va commencer, comme le dit Francis Ambrière, « cet extraordinaire commerce épistolaire dont elle ne se lassera jamais, fleuve immense qui s'enrichira d'affluents nombreux tout au long de ses trente dernières années à mesure qu'elle fera de nouvelles connaissances et qu'elle s'y attachera. »
1830
- Juillet : Au moment des Trois Glorieuses, Marceline Desbordes-Valmore, humaniste, toujours du côté des opprimés, des prisonniers, des pauvres, de ceux qui souffrent dans leur chair de l'action des hommes sur eux, détestant d'autre part le régime de la Restauration, Marceline Desbordes-Valmore ne peut que se réjouir d'une liberté nouvelle advenue, d'une nouvelle promesse de mieux être pour tous.
1831
- Fin novembre : Révolte des ouvriers de Lyon, comme le constat d'échec des Journées de Juillet 1830 qui auront laissé le peuple, les ouvriers sur le bas-côté, comme Marceline Valmore le voit, qui parle de « Révolte de la faim ».
1832
- Avril : Les Valmore quittent Lyon pour Rouen où ils resteront environ un an. Elle retrouve ses sœurs, Cécile, Eugénie et leur famille.
- Novembre : Marceline Valmore conduit son fils Hippolyte à Grenoble dans un établissement scolaire dirigé par Jean-Baptiste Froussard . Il y restera cinq ans.
- Novembre / Décembre : de passage à Paris, elle fait des démarches pour placer son recueil Les Pleurs. C'est Jacques Arago qui lui parle d'un nouvel éditeur, Gervais Charpentier ; il lui fait également rencontrer Amable Tastu, poète et écrivain.
1833
- Avril : Les Valmore quittent précipitamment Rouen pour Paris. Une cabale est organisée contre Marceline Valmore par ses anciennes connaissances rouennaises : d'abord des bruits, des rumeurs viennent aux oreilles de Valmore qui, ayant l'air de les mépriser, se fait copieusement siffler lors d'une représentation. Ce n'est plus tenable, ils s'en vont. Valmore trouvera à se placer au Théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris, où il ne restera que quelques mois seulement.
- Mai : Sont publiés Les Pleurs, chez Gervais Charpentier, avec une préface d'Alexandre Dumas. C'est à l'occasion de cette parution que le critique littéraire Sainte-Beuve va commencer à s'intéresser et à estimer Marceline Desbordes-Valmore. Amable Tastu lui avait parlé d'elle depuis déjà quelques années, mais c'est à partir des Pleurs que Sainte-Beuve va écrire sur Marceline Valmore (un article de lui paraît sur le recueil dans La Revue des Deux Mondes du 1er août 1833) et qu'il va souhaiter la rencontrer. Sauf erreur de ma part, nous ne savons pas exac-tement quand il se rencontrèrent, mais cette rencontre fut en tout cas le début « d'une des plus belles affections du siècle, qui sans cesse ira croissant et ne se démentira jamais. », selon les termes de Francis Ambrière.
- Printemps : A la demande de Mme Tastu, et bousculant sa réserve, huit ans après l'attribution à Marceline Valmore d'une pension littéraire, obtenue par l'intermédiaire de Juliette Récamier, Marceline Valmore se rend enfin à l'Abbaye-aux-Bois, d'où elle sort ravie et enchantée. Elle y retournera par la suite, notamment en compagnie d'Ondine ou de Charles-Augustin Sainte-Beuve, et y rencontrera évidemment les habitués de ce salon à ce moment-là : Jean-Jacques Ampère, Pierre-Simon Ballanche ou encore Châteaubriant.
- Juin : Parution de : Une raillerie de l'amour, chez Gervais Charpentier.
- Août : Décès d'André Lanchantin, père de Prosper Valmore, à l'âge d'environ 78 ans.
- Septembre : Marceline Desbordes-Valmore fait la connaissance d'H de Balzac , selon toute vraisemblance par le biais de son cousin, le sculpteur Bra.
- Novembre : Parution de L'atelier d'un peintre : scènes de la vie privée, roman, chez Charpentier et Dumont.
1834
- Les Valmore quittent Paris pour Lyon où Prosper Valmore a un engagement au théâtre. C'est leur troisième séjour dans cette ville ; ils y resteront à peu près trois ans.
- 9 Avril : Nouvelle révolte des ouvriers de Lyon, à l'occasion du procès des dirigeants du mouvement de grève du mois de février précédant, une guerre civile, des événements sanglants qui dureront cinq jours, jusqu'à la reddition de la Croix-Rousse le 14 avril. La ville demeurera sous surveillance pendant plusieurs mois, et Marceline Valmore restera très perturbée dans son équilibre.
- Ondine et Inès suivent leur scolarité dans une école tenue par Mme d'Erville et sa fille Léonie. Education très religieuse qui marquera profondément Ondine, très bonne élève, très exigeante avec elle-même.
- En novembre : Alexandre Dumas, en route pour l’Italie, s’arrête chez les Valmore, comme il le fera au retour en décembre 1835.
1836
- Mars : Paraît Le Salon de Lady Betty, mœurs anglaises, chez Gervais Charpentier.
- Avril : Marceline Valmore fait la connaissance de Frantz Liszt (Elle l’avait déjà entendu jouer une dizaine d’années auparavant, lors d’un concert au Grand Théâtre de Bordeaux.)
- Rencontre, en juillet et en novembre, avec Marie Dorval , actrice, généralement opposée à Mlle Mars (comme on oppose le théâtre classique (Mlle Mars) au théâtre romantique (Marie Dorval)), en tournée, notamment à Lyon.
1837
- Début avril : Les Valmore quittent Lyon pour Paris, où Prosper n'a pas encore de place.
- Octobre : Prosper Valmore est nommé directeur-gérant à l'Odéon, grâce à l'intervention du ministre Martin du Nord.
- Novembre : Hippolyte Valmore rentre de Grenoble, pour les vacances, mais Marceline Valmore accepte (voire souhaite) qu'il n'y retourne pas à la rentrée suivante, ce qui veut dire qu'il ne passe pas son baccalauréat (il ne l'obtiendra que de dix ans après, d'ailleurs avec moult recommandations.)
- 6 novembre : Décès de Jean-Louis Alibert.
1838
- Le contrat de l'Odéon n'est pas renouvelé pour Valmore, aussi accepte-t-il une tournée en Italie, départ mi-juillet, une tournée qui commence par Milan (et qui doit se poursuivre par Rome et Naples), pour les cérémonies du couronnement de Ferdinand Ier d'Autriche comme roi de Lombardie-Vénétie, cérémonies auxquelles le couple Valmore décide Mlle Mars à participer. Retour précipité, deux mois après : le directeur a fait faillite, et laisse tous les acteurs là, sans emploi, sans argent. Les Valmore doivent en appeler à certains de leurs amis pour se payer le voyage de retour à Paris.
- Septembre-Octobre : Rupture avec Théophile Bra. Non seulement il n'a pas tenu sa promesse à l'égard d'Hippolyte qu'il devait héberger pendant le séjour de ses parents en Italie, mais en outre il est fâché contre sa cousine : sans que l'on comprenne exactement pourquoi, le besoin d'absolu qui le guide probablement, il estime qu'elle ne peut pas être « sauvée » selon son vocabulaire à lui. Marceline décide de rompre, elle ne lui réécrira que huit ans plus tard, et elle perd en même temps, au moins temporairement, l'amitié d'Adrienne Simonis, proche elle aussi de Bra.
1839
- Février : Publication de Pauvres fleurs, poèmes, chez Dumont.
- Avril : Pour son travail, Prosper Valmore quitte Paris pour Lyon, où il restera un an. Marceline Valmore ne le suit pas. Elle ne demeurera désormais plus qu'à Paris.
- Juin : Publication de Violette, roman, chez Dumont.
- Août : Rupture des liens avec Latouche qui se croit le père d'Ondine Valmore, et manifeste une autorité que Marceline Valmore n'accepte pas ; elle se rend compte d'autre part qu'elle n'en est plus aimé du tout, et c'est un écroulement, une désillusion totale pour elle. Elle décide de rompre, quitte au besoin à dévaloriser et même à calomnier Latouche.
- Octobre - Décembre : Elle se démène auprès de tous ses amis et connaissances, auprès de tous ceux qui approchent généraux, préfets, ministres, pour dispenser Hippolyte de ses obligations militaires. Elle va y parvenir par l'intermédiaire d'Antoine de Latour qui va obtenir l'intervention de la reine Marie-Amélie. C'est ainsi que Marceline Valmore « couve », comme on dit, Hippolyte, et surtout le voit comme son seul appui, celui qui est d'accord avec elle, celui qui ne la contredit pas, celui qui se laisse faire, quand Ondine, vive, mobile, volontaire, avec un grand ascendant sur les autres, ne cesse de lui résister et que Inès n'est occupée qu'à jalouser, dit-on, sa sœur, quand probablement elle l'admire et se sent, sans doute à tort, bien au-dessous d'elle.
1840
- Début d'année : Hippolyte Valmore, choisissant la carrière de peintre, entre dans l'atelier de Paul Delaroche, puis dans celui d'Eugène Delacroix, où il restera cinq ans.
- Juin : Ondine part pour Douai où elle restera trois mois dans la famille Saudeur.
- Août : Rentré à Paris où il ne trouve pas à se placer, Prosper Valmore accepte le Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles.
- Octobre : Marceline Valmore se rend à Bruxelles auprès de son mari pour quelques semaines, pendant lesquelles ils font la connaissance de Félix Delhasse . Elle s'arrête à Douai au retour, pour voir son frère, admis à l'hôpital ; c'est sa dernière visite à Douai.
- Décembre : Valmore revient à Paris sans engagement nouveau.
1841
- Août : Départ d'Ondine pour Londres, chez le docteur Curie, pour un soin, vraisemblablement lié à la tuberculose. Un séjour de quelques semaines qui, en réalité, va durer un peu plus de deux mois.
- Octobre : Prosper Valmore reprend un travail de régisseur et metteur en scène à l'Odéon, à Paris. Il occupera ce poste pendant près de quatre ans, jusqu'en mai 1845.
- Début novembre : Marceline Valmore, inquiète de l'absence d'Ondine, se rend à Londres pour aller la chercher.
1842
- Mars : Ondine, de nouveau malade, retourne à Londres pour un second séjour chez le docteur Curie. Elle y restera presqu'un an et demi.
1843
- Publication de Bouquets et prières, chez Dumont.
- Juillet : Marceline Valmore, indignée que sa fille, Ondine, soit absente depuis près d'un an et demi, se rend de nouveau à Londres, accompagnée, cette fois, de Jacques Arago, pour la ramener.
1844
- Août : Ondine obtient son Brevet d'aptitude aux fonctions de maîtresse d'études et de sous-maîtresse.
1845
- mars : Ondine Valmore entre, comme enseignante, dans un pensionnat, la pension Bascans (elle avait déjà été répétitrice dans cette pension en 1843 et 1844, notamment de Solange, la fille de George Sand.) Ondine recevra, là, assez souvent, durant quelques deux à trois ans, la visite de Sainte-Beuve, qu'elle aimait en tant que poète des Consolations, qui lui donna quelques cours de latin, qui lui deman-da, tant il appréciait la vivacité de son esprit, son aide dans la publication d'un recueil concernant les poésies de sa mère, et qui envisagea même de se marier avec elle, idée à laquelle Ondine n'était pas réticente ; il s'en détourna, s'en rapprocha, eût peur d'aller trop loin, tomba amoureux ailleurs, revint, pour à la toute fin décevoir ou même effrayer Ondine par son scepticisme, et au fond, refuser le mariage.
- Mai : Fermeture de l'Odéon. Procès avec le directeur (M. Lireux). Prosper Valmore demande le privilège de ce théâtre qui sera accordé à Bocage, dont il est l'ami, mais qui va tout de même le renvoyer.
- Juin : Parution de Huit femmes, nouvelles, chez Louis Chlendowski.
- C'est cette année-là que Louise Colet , après avoir vu Marceline Desbordes-Valmore chez Mme Récamier, puis après avoir pris des renseignements auprès du docteur Veyne qui fréquente en familier les Valmore, c'est cette année-là que Louise Colet prend l'initiative d'écrire à Marceline Valmore et que celle-ci saute sur l'occasion d'approcher Victor Cousin, éminent enseignant couvert d'honneurs, qui pourrait venir en aide à Hippolyte Valmore dans l'obtention de son baccalauréat.
1846
- Avril : Prosper Valmore reprend un travail de direction de la scène à Bruxelles.
- Novembre : Depuis un an déjà Hippolyte Valmore a abandonné la peinture, il a repris ses manuels scolaires et, grâce à des complaisances que Marceline Valmore a obtenues par de nombreuses démarches, il est enfin reçu bachelier.
- 4 décembre : Inès Valmore, fille cadette des Valmore, décède, à l'âge de 21 ans, d'une tuberculose.
1847
- Janvier : Hippolyte Valmore obtient une place de surnuméraire au ministère de l'Instruction publique, grâce à l'intervention de Marie d'Agoult (que Marceline fréquente depuis la fin des années 30). Il ne connaîtra pas, jusqu'à sa retraite, d'interruption dans son travail.
- Mars : Prosper Valmore revient à Paris, et reste sans travail jusqu'en 1854. Il tombe d'ailleurs au chômage au moment où tout semble se passer mal dans le pays : une raréfaction du travail, une politique du mépris, des scandales de fraudes et de corruption, une dégradation des mœurs publiques, une atmosphère enfin qui semble rendre une Révolution inévitable.
- 20 mars : Décès de Mlle Mars.
1848
- Avec la Révolution de 1848, c'est la première fois que Marceline Valmore va ressentir combien la vie politique peut influer sur sa vie privée, pour le pire ou le meilleur : pour le pire, nombreux sont ceux qui, autour d'elle, perdent leur travail (Frédéric Lepeytre, François Richard, son neveu, ainsi que son beau-frère, Désiré Drapier... à Douai, la famille Saudeur ne se remet pas de sa faillite et ses biens sont liquidés... Prosper Valmore qui ne retrouve pas de travail...), elle-même voit sa pension diminuée, une parole donnée à Prosper Valmore pour la Comédie-Française est remise en cause, quand, pour le meilleur, Hippolyte monte progressivement en grade dans son ministère, et que Ondine obtient d'Armand Marrast, Maire de Paris pendant quelques temps, un emploi d'inspectrice des institutions et pensionnats avec un meilleur appointement.
1849
- Les anges de la famille sont publiés chez Alphonse Desessert.
- 11 mai : Décès de Mme Récamier, victime du choléra.
1850
- 7 septembre : Décès de la sœur de Marceline Valmore, Eugénie Drapier.
- 14 octobre : Décès de Caroline Branchu.
1851
- 16 janvier : Mariage de Ondine Valmore avec Jacques Langlais . Un mariage commencé sagement par la raison et qui deviendra assez rapidement une union solide et un mariage d'amour. - Rupture avec Louise Colet : celle-ci, qui n'a pas été pour rien dans la concrétisation du mariage entre Ondine et Jacques Langlais, est, à sa manière un peu outran-cière, très proche de son avocat Jacques Langlais (avocat dans l'affaire de la publication des lettres de Benjamin Constant à Madame Récamier). C'est cette façon familière que Ondine, nouvellement mariée, trouve intrusive et la présence de Louise Colet par trop massive ; aussi décide-t-elle qu'elle ne fera pas partie de sa vie, ce qui entraîne également un éloignement entre Louise Colet et Marceline Desbordes-Valmore qui ne lui réécrira qu'une seule lettre quelques années après.
- 9 mars : Décès de Hyacinthe Thabaud de Latouche, dit « Henri » de Latouche.
- 26 mai : Décès de Félix Desbordes, frère de Marceline Valmore.
1852
- 16 janvier : Naissance de Marcel-Jacques Langlais, fils de Ondine et Jacques Langlais.
- 4 mai : Décès de Marcel-Jacques Langlais.
1853
- 2 février : Ondine Langlais décède, à l'âge de 31 ans, d'une tuberculose.
1854
- Marceline Desbordes-Valmore obtient, de l'Académie Française, le prix Laroche-Lambert.
- Janvier : Prosper Valmore retrouve un travail à la Bibliothèque royale, grâce à son fils, Hippolyte, qui par connaissance a obtenu l'appui du ministre Fortoul.
- Décès de Cécile Desbordes, sœur de Marceline.
1855
- Août : Décès de Léon Boitel, par noyade, à 49 ans.
1856
- Marceline Desbordes-Valmore fait le vide autour d'elle, mais conserve deux amies proches : Pauline Duchambge, l'amie de toujours, si différente d'elle pourtant, et Camille Derains, qu'elle connut à Lyon dans les années 30 et qui lui reste chère notamment par la mort tragique de son mari, assassiné par des soldats, sur les grands boulevards, au moment du coup d'Etat de Louis-Napoléon, le 4 décembre 1852.
1858
- 23 avril : Pauline Duchambge décède à Paris, à l'âge de 71 ans.
1859
- 23 juillet : Marceline Desbordes-Valmore décède à Paris, d'un cancer, à l'âge de 73 ans. Elle est enterrée au cimetière Montmartre ; on peut toujours y voir sa tombe qui porte la copie, grandeur nature, d'un médaillon réalisé en 1832 par David d'Angers.
1866
- 23 février : Décès de Jacques Langlais.
1881
- 26 octobre : Décès de Prosper Valmore.
1892
- 9 janvier : Décès d'Hippolyte Valmore.